Axel, attaché de conservation du patrimoine, spécialité Archéologie

Axel

Décrivez votre parcours universitaire

Après un baccalauréat Littéraire spécialité Mathématiques en 1999, j’ai suivi un DEUG d’Histoires des Arts et Archéologie, puis une Licence. J'ai poursuivi en Maîtrise puis en DEA (actuel Master 2 Recherches) où je me suis spécialisé sur la céramique de l’âge du Fer de l’Ouest de la France (Basse vallée de la Loire). J’ai enfin entamé une thèse, que je n’ai pas pu soutenir puisque très rapidement j’ai accédé à des postes à responsabilités en archéologie préventive.
Parallèlement à cette formation académique, j’ai acquis l’indispensable expérience de terrain, en participant chaque été depuis mon entrée à l’université à des chantiers de fouilles programmées. Ayant très tôt décidé de me spécialiser sur l’Ouest de la France, j’ai essentiellement œuvré en Bretagne et Pays de la Loire, sur toutes les périodes chronologiques, depuis la Préhistoire jusqu’au Moyen Age afin d’avoir l’expérience la plus complète possible et pouvoir faire mon choix.

Présentez votre parcours professionnel

 En préparant ma thèse, j’ai été amené à collaborer avec de nombreuses personnes, prenant en charge des études de mobiliers archéologiques de sites que j’intégrais à mon travail de recherche. Cela m’a permis de nouer de nombreuses relations et de « me faire la main », en travaillant avec des archéologues de l’INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) et des collectivités territoriales de la région.
A l’issue d’un contrat doctoral, j’ai été recruté comme responsable d’opération en CDD, pour le service archéologique départemental de Maine-et-Loire où j’ai réalisé mes premières directions de chantier de fouilles en archéologie préventive, au sein d’une équipe structurée qui m’a « mis le pied à l’étrier ». Ne pouvant être pérennisé dans cette structure, j’ai ensuite travaillé pour un opérateur privé en archéologie , pendant presque deux ans, où j’ai réalisé des fouilles d’ampleur en Loire-Atlantique. Je désirais cependant retrouver l’archéologie en collectivité territoriale, et c’est pourquoi j’ai postulé et été recruté au service archéologique départemental de Vendée. Initialement recruté en CDD de 3 ans, j’ai ensuite été titularisé en obtenant mon concours d’attaché de conservation du patrimoine. J'ai depuis rejoint une nouvelle structure, toujours dans la région.    

En quoi consiste votre métier actuel ?

Je suis attaché de conservation du patrimoine, spécialité Archéologie et j'ai pour mission d’étudier, d’exploiter scientifiquement, de valoriser et de protéger le patrimoine. Cela peut prendre bien des formes : archéologie préventive, archéologie programmée et/ou gestion d’un site archéologique, médiation archéologique (ces différentes facettes se chevauchant très fréquemment). C’est d’ailleurs la définition que je donnerais de mon métier actuel : un archéologue qui, bien que spécialiste, se doit d’être polyvalent, de maîtriser l’ensemble de la chaîne archéologique (de la fouille au musée) et surtout d’avoir une excellente connaissance de son terrain (celui de l’échelle de la collectivité qui l’emploie) et de ses problématiques.
Aujourd’hui, en tant qu’archéologue responsable d’opération, ma principale mission est la conduite d’opérations de diagnostics archéologiques et de fouilles préventives. Au-delà, je participe à l’étude, la mise en valeur et la diffusion du patrimoine archéologique du département. Ça passe par des recherches, des publications, des conférences, des études de mobilier archéologique, etc. Je continue d’ailleurs d’exercer ma spécialité, sur les chantiers que je dirige mais également pour d’autres, à savoir l’étude des poteries gauloises !

Quelles compétences, acquises lors de votre cursus en histoire, êtes-vous amené(e) à utiliser dans votre profession ?

Ce sont d’abord les connaissances scientifiques qui me sont utiles, celles de ma spécialité (mais aussi une solide culture générale, indispensable à l’archéologue). Bien entendu, celles-ci doivent être en permanence réactualisées. En tant que chercheur, outre le contenu, ma formation m’a surtout permis d’acquérir une méthodologie essentielle dans les processus de production d’une étude scientifique (sur laquelle nous sommes jugés par nos pairs). Mon cursus universitaire m’a donc appris à mener une recherche, mais aussi et surtout à en rendre compte. En tant que responsable d’opération, un archéologue passe davantage de temps à produire des rapports de fouille, des articles ou à préparer des conférences et des expositions, que sur le terrain (bien que cette phase soit fondamentale). Les qualités de synthèse, d’écriture, de réflexion que j’ai été amené à développer lors de mes études sont donc clairement indispensables !

Entre clichés et réalité, votre métier actuel correspond-t-il à l’idée que vous vous faisiez de l’archéologie ?

La partie « terrain » du métier est en partie conforme à l’idée qu’on s’en fait, même si la nécessité de s’adapter aux contraintes intrinsèques à l’archéologie préventive peuvent surprendre ; ainsi la part prise par la fouille « mécanique » (à l’aide d’engins de chantier) est grande et loin des clichés de l’archéologie. De même, il y a un pas entre les chantiers de bénévoles l’été, et les conditions d’intervention par tous les temps et avec des délais parfois serrés d’un archéologue professionnel. Pour le reste, mon cadre d’emploi, celui d’un attaché de conservation, est assez proche de ce que j’imaginais, avec notamment une prise en charge complète de la chaîne archéologique, depuis la découverte et la fouille d’un site jusqu’à sa restitution au public (à qui, en tant que bien commun, l’archéologie appartient).
Il faut cependant avouer que je n’imaginais pas l’importance de certains aspects de mon métier : il s’agit par exemple de la nécessaire maîtrise des processus administratifs et des cadres législatifs (en tant qu’archéologue de collectivité, c’est important dans la mesure où les équipes souvent restreintes, impliquent la polyvalence dont je parlais, y compris sur ces sujets).
Il faut également prendre conscience que ce métier implique des relations avec de nombreux interlocuteurs qui sont parfois éloignés de l’archéologie (élus, aménageurs…) et avec qui il faut collaborer. Ce rôle de pivot, d’interface est décisif !
Il faut également apprendre à diriger une équipe et à travailler dans une optique collective et pluridisciplinaire. C’est passionnant mais c’est peut-être une dimension qu’on sous-estime.
Enfin, il faut bien dire qu’aujourd’hui, les conditions d’accès à un emploi stable sont difficiles, qu’un environnement très contraint peut-être pesant et qu’il faut donc garder la foi du charbonnier !
Mis à jour le 22 mars 2021.